Les situations dangereuses

Un matin, j'arrive au bureau vers 7h30 et je retrouve mon collègue Serge assis à son bureau, tout blanc : il vient de tomber dans l'escalier quelques minutes plus tôt et s'est fait une entorse au genou.

L'escalier en question est glissant, mais tout le monde s'est « adapté » à cette situation et n'y a plus fait attention.

Cet accident aurait pu être évité si la situation avait été remontée puis traitée par les équipes en charge de la maintenance du site.

Au travers de ce cas réel simple, on voit bien que les situations dangereuses alimentent le retour d'expérience : c'est un levier de progrès à cultiver absolument !

Attention aussi à ne pas négliger l'importance des accidents sur les sites tertiaires : même si la gravité d'un accident sur un site tertiaire est moins forte que sur un site industriel, une entorse au genou ou une cheville fracturée peut signifier la fin d’une carrière de football ou de rugby !

La norme ISO-12100 définit la situation dangereuse de la façon suivante :

« Situation dans laquelle une personne est exposée à au moins un phénomène dangereux. L'exposition peut entraîner un dommage, immédiatement ou à plus long terme. »

Attention, en termes de prévention, des mots et expressions comme « danger », « risque » ou « situation dangereuse » sont couramment utilisés. Ils sont bien souvent confondus ou présentés comme synonymes.

Ce n’est pourtant pas le cas, et tout acteur spécialiste de la prévention doit savoir les différencier et les utiliser à bon escient.

Vous trouverez plus de détails dans cet article sur la différence entre danger et risque.

Suivant leurs caractéristiques, le traitement des situations dangereuses sera différent. Prenons quelques exemples volontairement très simples de la vie quotidienne pour bien les différencier.

Une situation dangereuse peut être plus ou moins longue dans le temps :

• Elle peut être transitoire : un frelon asiatique est rentré par la fenêtre de votre bureau. Il est resorti après vous avoir menacé vous et vos collègues : dans ce premier cas, la situation dangereuse est transitoire. Le danger a disparu dès lors que l'insecte a quitté la pièce. Cette situation ne demande pas de réponse immédiate.
• Elle peut être persistente : le même frelon asiatique est rentré puis resorti de votre bureau. Vous vous rendez compte à cette occasion qu'un nid est présent à proximité. Le danger sera persistant tant que le nid de frelon n'aura pas été éliminé. Dans ce 2ème cas, des mesures correctives doivent être mises en oeuvre au plus vite.

• Une situation dangereuse peut être liée à un environnement de travail : un garde-corps qui agit en tant que protection collective est descellé : un salarié peut basculer et faire une chute de hauteur.
• Une situation dangereuse peut être liée au geste professionnel : une mauvaise utilisation d'un harnais peut aussi conduire à une chute de hauteur.

Ces 2 situations dangereuses ne pourront pas être traitées de la même façon : l'une pourra être corrigée en agissant sur un équipement matériel, l'autre en corrigeant un geste professionnel. Dans les 2 cas, pour traiter définitivement la situation dangereuse, il conviendra de s'assurer que la situation ne concerne pas uniquement l'équipement sur lequel l'anomalie a été constatée ni uniquement la personne qui a réalisé le geste inadapté. Un nouveau contrôle après un certain laps de temps (par exemple 6 mois après) pourra être réalisé.

Une situation dangereuse peut être indépendante de votre organisation. Prenons 2 exemples liés à la circulation routière :

• Sur un trajet que vous affectuez régulièrement, un virage ou une intersection peut être particulièrement dangereux : malgré toute votre bonne volonté et celle de votre service QHSE, ce danger est indépendant de votre volonté. Il pourra être traité par la collectivité en charge de l'infrastructure concernée dans une échelle de temps qui sera sans doute plus longue que celle de votre plan d'action QHSE !
• Un phénomène météo peut également rendre une zone précise d'un trajet particulièrement dangereuse (par exemple, présenter un risque fort de brouillard ou de verglas) : ce phénomène est lui (et restera) indépendant de toute volonté humaine !

Pour ces situations où vous ne pouvez pas diminuer le danger, les mesures de prévention peuvent consister à informer vos salariés du danger pour qu'ils aient une attitude de conduite adaptée et ainsi limiter le risque d'accident.

Voyons maintenant les étapes pour traiter les situations dangereuses, à partir du moment où elles ont été détectées.

Comme on vient de le voir, certaines situations dangereuses ont un caractère persistant, et nécessitent des actions correctives immédiates pour diminuer le risque.

En général, l'action corrective immédiate diminue le risque en abaissant la probabilité de rencontre du salarié et du danger, mais ne l'amène pas à un niveau acceptable définitivement.

Idéalement, les mesures correctives immédiates doivent être mises en oeuvre par les personnes qui ont détecté la situation dangereuse au plus vite après la détection pour éviter que d'autres personnes soient exposées au danger.

Reprenons 2 de nos exemples :

• Dans l'exemple du nid de frelon, la mesure corrective immédiate consiste à condamner les fenêtre ou à ne pas utiliser le bureau à proximité du nid. Ces mesures sont temporaires, le temps de traiter définitivement la situation dangereuse.
• Dans l'exemple du garde-corps descellé, la mesure corrective immédiate consiste à baliser l'accès à la zone où cette protection collective n'est plus fonctionnelle.

La situation dangereuse doit être remontée et formalisée pour alimenter le système de management de la sécurité de l'organisation.

Cette formalisation a plusieurs objectifs :

• Garantir la prise en compte et éviter l'oubli ou l'accoutumance : si la dangerosité de l'escalier où Serge est tombé avait été formalisée, une action corrective aurait pu être mise en oeuvre pour éviter un accident.
• Dans les grandes organisations, ce n'est pas forcément les mêmes acteurs qui détectent les situations dangereuses, qui les analysent et qui les traitent : avoir une base de données unique rend le traitement plus efficient.
• L'analyse des remontées des situations dangereuses montre la dynamique du système de management de la sécurité dans une organisation. Il est donc essentiel de favoriser la remontée des situations dangereuses par vos collaborateurs.

(Très prochainement, pour compléter ce sujet, nous vous proposerons un article pour voir comment favoriser la remontée d’informations des situations dangereuses par vos salariés !)

L'analyse de la situation dangereuse consiste à évaluer plus précisément le risque et à décider des suites qui seront données.

Un ou plusieurs actions correctives peuvent être décidées, planifiées puis mises en oeuvre pour réduire progressivement le risque à un niveau acceptable qui ne perturbe pas le fonctionnement normal de l'organisation.

Les actions correctives peuvent être de plusieurs natures :

• Agir directement sur le danger : on fait par exemple éliminer le nid de frelon à proximité de nos bureaux.
• Agir sur les équipements ou le matériel qui protègent du danger : on répare un garde-corps.
• Agir sur nos façons d'agir : on modifie une procédure.

Comme on l'a vu, il peut être utile de généraliser les actions correctives, en les déployant soit sur l'ensemble des équipements concernés (par exemple, vérifier l'ancrage de toutes vos rembardes), soit auprès de l'ensemble des personnels concernés.

Un outil de remontée des constats comme MaSecuPro peut vous aider à impliquer vos salariés pour remonter les situations dangereuses de façon très efficace !